AccueilAccueil  CalendrierCalendrier  Dernières imagesDernières images  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  



 
-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

aren't these waters so deceivin'? / they look different, don't they? / well, at least that's how they seem to me / 'cause we just drift and drift and drift / until we see something that we define as peaceful. | ambre ft. edwin

Ambre
Ambre

  • ▾ Infos ▾

Ven 2 Juin 2023 - 23:17
right to left, left to right ; night to day and day to night ; as the starlight fades to grey I’ll be watching far away
feat. Edwin / Biket
L’eau est si douce. Elle coule autour de mon corps, laissant une sensation de fraîcheur autour de moi. Elle me calme et m’apaise, quand bien même cela est uniquement corporel. Rien ne pourra jamais calmer les hurlements perpétuels de mon esprit, constamment en quête de sang et de pleurs. J’inspire profondément, essayant de m’en défaire tant bien que mal, en vain.

Depuis quand vivre faisait-il aussi mal? Depuis combien de temps l’action de se lever le matin et de marcher autour de la Grotte aux Mille Éclats était-il aussi douloureux? Je repensais au sourire d’Emma ce matin, lorsqu’elle m’avait gentiment préparé le petit-déjeuner, et la bonne humeur d’Artémis, aussi éclairante que les rayons du soleil sur ma peau.

Cela me donnait un maigre espoir, certes, mais plus qu’il n’en fallait pour me lever et aller courir autour de la maison que nous partagions toutes les trois. J’avais toujours aimé marcher. Cela avait toujours été la solution la plus efficace pour me changer les idées, et essayer, ne serait-ce qu’une minute, de penser à autre chose qu’à la silhouette longiligne et squelettique qui avait fait de ma psyché sa demeure. Vivre avec une telle douleur quotidiennement ne relève plus de l’humanité.

Cela relève uniquement de la survie.

Feuillage m’avait toujours dit qu’être un peu brisée faisait partie de la vie, et que personne ne pouvait y échapper. A l’époque, elle me le disait lorsque je tombais par terre et que je m'écorchais le genou contre les ronces qui bordaient la Grotte aux Mille Eclats, afin de me consoler, toujours accompagnée d’un sourire, pendant qu’elle séchait mes larmes.

Je me demande si elle avait pensé à l’éventualité qu’il m’arrive cela, lorsqu’elle me soulageait de mes peines, si ridicules maintenant, face à la cruauté de la Mort, face à l’immense douleur psychique que je ressens.

J’aimerais revenir en arrière, dans tes bras maman. De tous les endroits de ce monde, c’est dans les tiens que je me sentais le plus en sécurité, loin de tous les problèmes de ce monde, mon nez enfoui dans ta douce odeur de menthe, ta chaleur maternelle m’enveloppant.

Mais je sais déjà que je ne peux changer le cours des événements.

Cette nuit-là, j’ai rencontré cet homme. Il m’avait pris ce moyen d’aller mieux, en même temps que mon innocence. Cette nuit-là, il m’avait vraiment tout enlever, sans rien me laisser en retour. Les hommes m’avaient toujours tout enlevé, pensais-je d’un ton amer. Cavan m’avait noircit mon âme, avec la jalousie naissante face à ma rivale, et cet homme m’avait volé mon innocence et l’envie de vivre qui me restait.

Je repensais à Cavan. Je n’avais toujours été qu’à la périphérie de son cœur. Il m’avait toujours vu comme sa petite sœur, ou la bonne amie à qui raconter ses déboires amoureux avec Petite Promesse, je le savais bien. Aurait-ce été différent si c’est moi qu’il avait aimé ? Aurai-je été épargnée de ces peines, de cette tristesse, de cette haine jalouse sans répit ? Aurai-je pu être à un autre endroit, un autre moment, à cet instant où j'avais tout perdu? J’ai toujours su que oui et cette évidence m’avait menée là où je me trouvais aujourd’hui.

J’avais déjà songé à l’éventualité que cela ait pu être de ma faute. Que si Cavan m’avait toujours considéré comme sa sœur, jamais regardé, cela aurait pu être à cause d’actions que j’avais faites. Que si cet homme m’avait volé tout ce qui me restait de pur et de courageux en moi, c’était peut-être parce que je l’avais provoqué, qu’il était de mauvaise humeur et que j’avais empiré son état, que peu importe ce que j’avais fait, cela pouvait justifier, expliquer, ce déferlement de violence que j’avais vécu cette nuit-là. Peut-être que si j’avais mieux agi, peut-être que si j’avais été une meilleure amie, une meilleure personne, j'aurais pu échapper à mon châtiment.

Peut-être que finalement, je ne récupérais que les conséquences de mes actes. Maman disait toujours que lorsqu’on était méchant avec quelqu’un, on finissait toujours par en payer le prix.

Certes, j’étais loin d’être la plus gentille des personnes de ce monde, mais cela justifiait-il mon état actuel ?

A cet endroit précis, dans le Grand Lac, tandis que le soleil s’approchait dangereusement de l’horizon. J’écarquillai les yeux, effrayée par ce délai, approchant bien plus vite que ce que je pensais. Mes membres se raidirent, paralysés par la peur. Depuis mon incident, j’étais phobique de la nuit. Chaque jour, je veille scrupuleusement à être chez nous avant que le soleil ne se couche, près de mon doux plaid, de mes amies, et aussi, je dois l’admettre, de mes somnifères et de mes anxiolytiques. Pourtant, malgré le soutien de mes amies et mes médicaments, les crises d’angoisses n’ont jamais cessé depuis ce jour. Cela est devenu monnaie courante pour moi. Chaque soir, je les accueille comme des vieilles amies, qui finissent toujours par me laisser suante, terrassée par la fatigue et la terreur de ses mains sur moi, lors du lever du soleil.

Je vois dans les regards d’Emma et d’Artémis le matin, pleins d'inquiétude et de pitié, qu’elles aimeraient désespérément faire quelque chose pour m’aider. Elles ont déjà tout essayé, que ce soit des visionnages de films toute la nuit, des soirées dans la maison, en passant même par appeler Cavan, contre mon plus grand gré.

Rien n’avait jamais marché.

Aucun bras ou aucune distraction ne pouvait empêcher mes pensées de s’enflammer dès lors que les étoiles pointaient le bout de leur nez. Alors, lorsque je vis le ciel s’assombrir, je me dépêchais de ramasser mes affaires, les mains tremblantes, tandis que je remettais mes sandales. La douce brise de fin de journée d’été aurait été agréable, dans d’autres circonstances.

Je mis mon casque sur mes oreilles et lança ma musique préférée machinalement. J’ignorai tant bien que mal les tremblements de mon corps, essayant de me rassurer moi-même. La Grotte aux Mille Eclats était qu’à cinq minutes à pied du Grand Lac. J’y arriverai avant la tombée de la nuit.

Je me suis mise à marcher d’un pas pressé. Malgré le beau temps, personne n’était présent aux abords du Grand Lac. La quiétude et le silence régnaient autour de moi, uniquement brisés par la douce instrumentale de ma chanson. J’émis un petit soupir de soulagement en constatant qu’aucune âme n’était à mes côtés.

J’y étais presque. J’étais presque arrivée. Je m'apprêtais à s'engager dans l’avenue qui menait à la Grotte aux Mille Éclats, tandis que les derniers rayons de soleil disparaissaient dans le ciel, et que je me retrouvais directement face à face à un homme, qui faisait au moins une tête de plus que moi, et qui me regardait dans les yeux, son visage indiquant sa surprise.

Je lâchais mes affaires de surprise, tandis que mon coeur s’emballait. Je l’entendis dans mes oreilles, tellement fort qu’il couvrait le bruit de ma musique, et je sentis mon coeur trembler désespérément. Ma poitrine se soulevait frénétiquement, à la recherche d’air, tandis que j’ouvris la bouche, sans qu’aucun souffle ne passe.

J’allais mourir ici. J'allais enfin être libre de mes souffrances.


Edwin Chaidee
Edwin Chaidee

  • ▾ Infos ▾

Mar 6 Juin 2023 - 19:09

feat @Ambre

Dok tone veče, vraćam isti san
Preda mnom svetac drži crni lan
U more, sure boje, zove me taj glas



L'astre solaire est déjà bien bas et le ciel sombre, Edwin est en retard et il le sait, presse le pas pour être sûr d'apercevoir les derniers éclats dorés illuminer la surface du lac du coin. La journée avait été longue, la mission du jour plus complexe que prévue et les abeilles particulièrement agressives, il avait trop traîné, avait d'abord eu dans l'idée de rentrer chez lui avant de changer d'idée et de se laisser entraîner par l'appel de la nature, par son appel à elle.

Sumalee avait toujours aimé le lac et dès lors qu'elle n'avait plus été là pour l'y traîner, Edwin avait surpris ses pas à l'y mener presque malgré lui. Il avait passé de longues heures ici, assis sur la rive, les pieds dans l'eau et le regard perdu dans le vague, à ressasser souvenir après souvenir d'un temps où le bonheur s'était fait certitude, un temps léger et chaleureux qui s'était éclipsé, laissant le monde derrière lui bien étouffant, bien glacial. Sumalee avait toujours aimé et le lac et Edwin avait aimé Sumalee comme personne alors le voilà, des années plus tard, à toujours effectuer le même chemin une fois par semaine après avoir terminé sa journée de travail pour retrouver la surface lisse qui avait tant captivé la femme qu'il avait aimé fut un temps.

D'abord guidé par la douleur et toute la rancœur du monde, Edwin avait pourtant trouvé en ce rituel une paix nouvelle, un moyen d'apaiser l'affliction de son cœur, cette peine pour laquelle les mots ne seraient jamais assez forts, qui déchirait son âme nuit et jour sans qu'il ne sache que faire. Le lac aidait, avait aidé. Pendant des mois. Des années. Sept ans maintenant, que Sumalee n'était plus et que seule la silhouette d'Edwin se détachait à contre-jour sur la berge du lac, une fois par semaine sans faute, et l'homme ne saurait dire quand il avait pu sourire à nouveau plutôt que de laisser échapper une larme de trop.

Une musique calme fait s'écouler dans ses oreilles des mots d'une langue étrangère tandis que le bruit de ses pas se noie sur l'asphalte gris du trottoir. Le quartier est calme dans cette partie de la ville, il l'a toujours été. Parfois, Edwin aimait à penser qu'il s'agissait de l'effet de la nature sur les hommes peuplant les environs, une nature intemporelle et si pleine de beauté que quiconque serait forcé de l'admirer, l'esprit dénué de toute pensée désobligeante. Il y a cet aspect magique, cette aura particulière qui appartient au lieu, comme si l'espace et le temps n'obéissait plus aux règles habituelles ici, comme si les étoiles s'alignaient pour n'offrir que le meilleur.

You are the brightest of them all, ที่รัก. Quelques mots prononcés une fois seulement, il y a bien longtemps, quelques mots dans la sécurité d'une langue qu'il parlait à peine et une preuve d'intimité glissée dans celle qu'il connaissait depuis toujours, quelques mots confiés au vent, aux arbres et au ciel, quelques mots pour se libérer de la peine. Quelques mots pour faire la paix avec le destin.

Ce même destin qui ce soir, ne semble pas enclin à le laisser arriver à temps. Lorsque le jeune homme tente de traverser la route, scrutant les véhicules, ceux-ci sont nombreux à lui nier tout passage et lorsqu'il peut enfin atteindre l'autre côté de la route, le soleil n'est déjà plus visible. Quelques pas et c'est la nature qui l'accueille, la familiarité d'un paysage aussi connu que réconfortant. Sans perdre plus de temps, Edwin retire ses écouteurs et les glisse dans sa poche de jean avant de réajuster son bonnet sur son crâne rasé. Un vent frais s'est levé, les feuilles s'agitent dans l'air et un autre bruit, plus étranger, lui parvient.

Edwin a à peine le temps de reconnaître les pas d'une autre personne que la voilà déjà face à lui, sa propre expression trahissant sa surprise. Il ne s'attendait pas à ce que quiconque soit ici, pas à cette heure-là, pas en pleine semaine. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'Edwin ne retrouve son expression neutre, celle qui donnait l'impression aux autres qu'il passait une mauvaise journée et était sur les nerfs, mais avant qu'il ne puisse adresser un simple hochement de tête à la jeune femme qui se tenait devant lui, sa façon d'être l'interpella. Elle avait lâché ses affaires, sûrement à cause de la surprise et il fallait bien avouer qu'il avait débarqué ici sans trop faire de bruit mais cela ne justifiait pas l'état dans lequel elle était, du moins Edwin ne le pensait pas. Il la voyait ouvrir la bouche comme pour parler avant de changer d'avis, mais elle agissait comme si elle était essoufflée alors même qu'il l'avait surprise en train de simplement marcher.

Sans réfléchir, il tendit la main vers elle.

Puis se ravisa, le souvenir des Amarin refaisant violemment surface dans son esprit.

Oh.

« Hey, tout va bien, » dit-il, levant les mains pour les mettre bien en évidence, indiquer qu'il n'était pas une menace. Ses mots sonnent creux, Edwin en a conscience et une fois encore face à une situation pareille, c'est l'impuissance qui le gagne. Il se creuse les méninges, essaie de se rappeler, savoir ce qu'il faut faire, n'importe quoi pour que la personne en face de lui respire correctement de nouveau. « Est-ce que tu peux t'asseoir ? Essaie, ok ? Regarde, je m'assois aussi, je bouge pas, promis. » Avec lenteur et le sentiment d'être face à un animal sauvage prêt à décamper, Edwin se laisse glisser au sol, ignorant la rencontre désagréable de ses genoux avec les quelques cailloux parsemant le sentier, puis tente de s'asseoir aussi confortablement que possible.

« Respire, » souffle-t-il, avant de porter la main à son coeur. « Comme ça. » Lentement, Edwin prend une profonde inspiration par le nez avant d'expirer par la bouche puis de recommencer, encore et encore, espérant qu'elle se calerait sur le rythme de sa respiration.


Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum