ray of sunshine and thunderstorm | Alec ft. Robyn

ray of sunshine & thunderstorm
janvier 2020 | ft. Robyn (Ray)

Il faisait froid, il faisait sombre, il faisait humide, il faisait gris, il pleuvait et franchement, Alec commençait à être fatigué. La fin du monde, carrément. Il aurait dix mille, voire douze mille fois préféré passer un moment au club de duels ou même à flemmarder avec Elias et Simon plutôt que d'être assis là, l'air bougon, dans leur salle commune stupidement située sous le lac. Mais non, comme il avait une famille merveilleuse, tendre et attentionnée, qui prenait soin de sa santé et de son avenir et aimait plus que tout l'éloigner de toute forme de souffrance et de mal-être, il était rentré au château avec le corps dans un état épouvantable - sans parler de sa main - et Mikkelsen l'avait carrément enlevé pour le forcer à se faire soigner à l'infirmerie. Pendant qu'elle démolissait ses oreilles à l'aide de jurons norvégiens ingénieux qu'il aurait à moitié aimé ne jamais découvrir, elle avait guéri ses os plus ou moins brisés et refermé les plaies comme diminué ses bleus, mais elle avait eu beaucoup de mal à rattraper les dégâts sur sa main et, entre les effets des quelques Doloris qu'on avait utilisé sur lui et ses phalanges abîmées, elle avait décrété repos jusqu'à nouvel ordre.

Donc, pas de duels. Donc, ennui mortel, journées beaucoup trop longues et perte d'agilité et d'expérience et putain, ce qu'il se faisait chier à écrire son crétin de devoir de Botanique au lieu de s'entraîner à jeter le sortilège de Stupéfixion en informulé. Non, stop. Détente, calme, respiration. Il devait avoir les meilleures notes possibles pour réussir ses ASPICs et commencer ses études d'Auror. Il avait pris les matières nécessaires pour ça. Sortilèges, Métamorphose, Défence contre les Forces du Mal (évidemment..), Potions, et Botanique. Les trois premières, ça allait. Il assurait, même. Peut-être moins lorsqu'il fallait écrire, même s'il avait bien planché les théories. Mais, dès qu'il s'agissait de pratique, il assurait. Il était certain de réussir ses ASPICs, l'année suivante. En Potions ? Il suivait, un grand merci à Simon qui l'aidait beaucoup. Surtout avec un prof aussi compréhensible et patient que le leur. Le professeur Norgaard ? Alec se demandait toujours pourquoi il n'avait pas encore été viré. Entre le savant fou russe côté chaudrons et la norvégienne explosive côté bandages, Poudlard n'était pas très sûr. Bah, au moins, Mikkelsen faisait son boulot. Et puis, elle était plutôt sympa, une fois qu'on oubliait sa tendance à ponctuer ses phrases d'expressions colorées.

Sur les quatre premières matières, Alec pouvait gérer, voire même assurer. En revanche.. La Botanique ? Il allait essayer d'obtenir la moyenne. Un A, comme Acceptable, ne serait pas trop mal. Et il allait croiser les doigts pour ne jamais tomber sur une Tentacula Vénéneuse lors de l'une de ses missions. En attendant, il faisait ce qu'il pouvait en cours lors de la pratique, de préférence en essayant de rester en vie face aux différentes épines, racines et plantes qu'ils étudiaient. Et lorsqu'ils avaient une dissertation à rendre, comme celle qu'il avait à peine commencée, eh bien ... il faisait de son mieux. Il n'abandonnait pas comme ça, non. Mais les fougères et lui... Ce n'était pas vraiment l'amour fou. En fait, même si les consignes étaient en soi assez simples, il avait l'impression d'oublier toujours un élément. Il lui manquait sûrement de l'intérêt envers ces cours. Et, contrairement aux Potions, il ne pouvait pas demander à Simon ou Elias de l'aider. Déjà, pas à Elias parce qu'il ne lui faisait pas trop confiance sur ce genre de choses - ce flemmard ne foutait que le minimum et il ne brillait qu'en Divination, aka la matière pour laquelle Alec manquait le plus d'intérêt, à égalité avec l'Astronomie - sérieusement, étudier des feuilles de thé ou des étoiles, à quoi est-ce que ça servait ? Mais il ne pouvait pas non plus leur demander de l'aide ou au moins des conseils parce que les deux n'avaient pas pris cette matière pour leurs ASPICs. Alors, pendant que le duelliste s'échinait à rendre une copie de Botanique au moins potable, Elias était en train de probablement analyser des volutes de fumée à travers une bule de cristal, et Simon était soit en cours d'Etude des Runes, soit à l'entraînement de Quidditch. Super.

En soi, Alec se foutait de la solitude. Être tranquillement en train d'écrire dans la salle commune, malgré le côté un peu sombre de la pièce, ne le dérangeait pas. D'ailleurs, il préférait éviter la présence d'Elias, qui avait tendance à le mettre sur les nerfs depuis leur retour de vacances. D'accord, Elias était fiancé à quelqu'un qu'il ne voulait pas - et ça n'affectait pas que lui, Alec également se sentait un peu tendu par rapport à ça, plus que par compassion, et il n'arrivait pas vraiment à savoir pourquoi - et d'accord, sa famille était horrible avec lui, oui, okay. Simon était dans le même cas. Alec aussi. Et eux deux ne s'en plaignaient pas, du moins, pas autant sans essayer de le changer. Depuis le Nouvel-An, Elias ressemblait à un explosif qu'il fallait manipuler avec précaution. Beaucoup de précautions. Ce qui n'était pas spécialement la manière de faire d'Alec. Alors, lorsqu'ils étaient au même endroit, la tension pouvait être très grande.

Alec s'appuya contre sa chaise, en arrière, soupirant. Pour quand était ce foutu devoir, déjà ? Le lendemain ? La fin de la semaine ? Si, dans un quart d'heure, il n'avait pas avancé, tant pis. Définitivement, les trèfles, les fleurs et les buissons, même magiques, ce n'était pas son truc.
☾ ANESIDORA

Mar 3 Mar 2020 - 22:22

ray of sunshine & thunderstorm

Il pleut, dehors. Robyn n’avait pas prévu de se balader, alors ça ne la dérange pas plus que cela, ça ne bouscule pas ses petits plans tranquilles de la journée qui ne consistent qu’à lire et éventuellement dessiner. Elle pourrait passer un bout de l’après-midi avec Nola, c’est vrai, mais Robyn ne sait pas où elle est allée et devine bien que si Nola ne lui a pas dit, c’est qu’elle ne souhaitait pas être accompagnée. Robyn ne l’a pas pris mal ; elle commence à bien connaître Nola, bien que les deux élèves de cinquième années n’aient commencé à se parler sérieusement que depuis quelques semaines, et sait qu’il ne sert à rien de s'inquiéter pour elle.

Alors, elle décide de se trouver un coin bien tranquille, au sec. Les dortoirs lui viennent rapidement en tête. Son cours de botanique vient de prendre fin et Robyn s’empresse de rentrer au château, quittant la serre. Comme d’habitude, tout s’est bien passé. Il faut dire – et c’est inévitable – que Robyn a un vrai don pour la Botanique. Plus que pour les autres cours, où pourtant elle est déjà considérée comme une des têtes de la classe. Elle entre dans le château, descends les escaliers jusqu’aux cachots, croisant deux ou trois élèves de Serpentard sur le chemin, pas plus.

Robyn finit enfin par débarquer dans la salle commune et s’étonne de la trouver vide. Où sont-ils, tous ? Question qui reste évidemment sans réponse. Cependant, du côté des massifs fauteuils, elle trouve quelqu’un assis, solitaire. Robyn ne met pas plus de quelques secondes à le reconnaître. C’est Alec, seul, comme à son habitude. Elle sourit, heureuse de se retrouver seule à seul avec autre chose qu’un simple inconnu ; ça rendra les choses moins gênantes. Il faut dire qu’elle est aussi plutôt contente d’enfin le croiser. C’est marrant de si peu voir une personne alors qu’ils appartiennent à la même maison.

Robyn, silencieusement et prenant grand soin de ne pas se faire entendre de lui, s’avance vers Alec qui semble au bout de sa vie, assis tristement au milieu de la grande salle, seul. Une idée malicieuse vient de germer dans un coin de son cerveau, alors qu’elle l’observe, peinée par la solitude du garçon qu’elle apprécie énormément et pour lequel elle avait longtemps eu l’habitude de le considérer comme son frère. Ses petites mains blanches et délicates sortent de sous ses manches amples et s’avancent vers la tête d’Alec, prêtes à réaliser sa petite plaisanterie.

À la manière d’un enfant, elle pose la paume de ses mains sur les yeux du garçon aux cheveux châtains, et murmure dans le creux de son oreille, retenant difficilement un léger rire : “Devine qui c’est ?”

Mer 4 Mar 2020 - 18:01

ray of sunshine & thunderstorm
janvier 2020 | ft. Robyn (Ray)

Finalement, après encore cinq minutes passées à fixer sa feuille en arborant une expression plus ou moins assassine, Alec finit par comprendre la question. Magnifique, plus que douze autres et j'aurais fini. Il se passa une main dans les cheveux, retenant un soupir. C'est pas comme si t'avais autre chose à faire. C'était dans ce genre de moments que le Serpentard se rendait compte du manque de diversité de ses activités. D'ordinaire, il se levait en premier, partait manger en prenant son temps, fonçait au club de duels ou en cours, puis pareil à midi, et pareil le reste de la journée, tout comme le soir. Lorsqu'il avait un devoir à faire, il passait à la bibliothèque, mais sinon, il vivait presque dans la salle de duels. Maintenant que Mikkelsen lui avait recommandé du repos, il réalisait qu'hormis ses devoirs à rendre, il n'avait rien à faire. Il ne faisait partie d'aucun autre club que celui de duels, donc pas d'instrument de musique, pas d'échecs, encore moins de Quidditch ; il n'était pas spécialement amical, donc n'avait pas grand-monde à qui parler d'autre que Simon et Elias ; il n'était pas particulièrement friand de balades dans le château non plus. S'il n'avait pas eu de botanique à faire, il se serait ennuyé de manière mortelle. Même son chat l'avait laissé dans son ennui ; Alec ne l'avait pas beaucoup vu, en plusieurs jours.

Alec entendit quelqu'un entrer dans la salle commune sans y prêter attention, concentré sur sa feuille. Il avait l'impression de réussir un peu mieux à comprendre les instructions de développement des Orties Flotteuses. Quoique c'était tout de même assez compliqué de pousser sans être ancré tout le temps au sol, non ? Décidément, la Botanique n'était pas sa matière favorite. Il réfléchissait à un moyen de rédiger sa réponse en cachant au maximum qu'il n'y comprenait rien – donc en ajoutant pas mal de mots techniques – lorsque sa vue fut brusquement occultée par deux mains froides se posant sur ses yeux. En tant que duelliste accompli, aux réflexes aiguisés par l'entraînement, et parce qu'il n'était pas habitué à ce qu'on le touche – surtout depuis la correction infligée par ses parents, qui lui avait fait ressentir des décharges électriques pendant longtemps à chaque contact – il eut aussitôt le réflexe d'attraper le truc qui l'empêchait de voir. Il se saisit des poignets de celui ou celle qui s'était approché.e avec force, avant de se figer en entendant une voix malicieuse et féminine tout près de son oreille.

« Devine qui c'est ? »

La devinette n'était pas très difficile, même si le Serpentard était un peu troublé. Il pouvait presque sentir le souffle de la jeune fille contre sa peau. Non, vraiment, il n'était pas à l'aise avec le contact humain, se dit-il en sentant un frisson lui parcourir la nuque. Il laissa s'écouler moins d'une dizaine de secondes avant de répondre, d'un ton sarcastique mais peut-être moins sec que d'habitude. « Je me doute bien que c'est pas Simon. » Déjà parce que les mains qui lui couvraient les yeux étaient bien trop petites pour appartenir à un géant tel que le capitaine de l'équipe de Quidditch des verts, et puis la voix était de toute manière celle d'une fille. Alec ne connaissait que trois filles suffisamment proches de lui pour oser l'aborder de cette manière : Nola – qui à son avis n'était pas du genre à lui faire cette blague -, Robyn et sa sœur, Korinn, qui n'avait absolument pas cette voix. En fait, Alec avait reconnu la voix dès les premiers mots – pas difficile lorsqu'on ne devait en retenir que trois. « Salut, Robbie », fit-il en soulevant doucement les poignets de la jeune Serpentard puis en se tournant vers elle, un sourcil amusé haussé. Gagné, c'était bien elle, une petite brune toute pâle, plusieurs tâches de rousseurs discrètes et deux jolis yeux clairs. Le duelliste se fit rapidement la réflexion que la famille Norbo était vraiment gâtée par la nature, entre le frère et la sœur.

Il n'avait pas beaucoup croisé la jeune sœur de Simon depuis le fameux Nouvel-An, et il était relativement content de voir qu'elle n'avait pas l'air fatiguée ou affectée par tout ce qui s'y était passé. Elle l'avait vu lui puis son frère se dresser contre leurs parents devant tous les invités, et il savait très bien que pour Simon, comme lui, ça n'avait pas été sans conséquences. Voir son frère se faire taper dessus par ses parents ne devait pas être agréable. Je te rappelle que c'est le cas pour Korinn depuis plus d'un an. Il chassa rapidement cette pensée. Il était impossible de ne pas se dresser devant son père. Bref, c'était soulageant de voir que la Robyn qu'il avait en face de lui était la même que celle d'avant les vacances de Noël ; toujours aussi souriante, pétillante même, toujours aussi jolie. Toujours aussi pâle, également. Elle avait l'air gelée, à moins que ses mains ne soient froides par habitude. Il se rendit compte qu'il n'avait pas lâché ses poignets depuis qu'il s'était tourné et les libéra l'air de rien, pivotant vers la table pour pousser une des chaises du pied et la faire reculer.

« Assis-toi, si tu veux. Tu sors de cours ? » Incroyable, tu te comportes en être humain. Il n'avait pas l'habitude d'être aussi accueillant, ou même ouvert. Elias aurait été fier de lui – il aurait sans doute fabriqué des confettis pour les jeter dans la salle commune en hurlant qu'il avait enfin tenu une conversation plus de cinq minutes sans lever les yeux au ciel. Mais en fait, Alec n'avait pas envie de penser à Elias. Pas du tout. Pas maintenant. Sans savoir pourquoi, l'idée de son ami l'agaçait. Il posa sa plume sur son parchemin, bien content que la présence de Robyn lui donne une excuse pour laisser de côté menthe, orties et autres navets.
☾ ANESIDORA

Mar 31 Mar 2020 - 20:29

ray of sunshine & thunderstorm

À vrai dire, le voir ainsi, si seul, ça lui a un peu compressé le coeur. Elle ne peut pas s’en empêcher, mais ça lui fait de la peine. Enfin, ce n’est pas non plus comme si Robyn ne connaissait pas Alec et son comportement. Mais bon, ce qu’elle s’imagine, c’est qu’au fond, derrière ses petites remarques méchantes et son air solitaire et dédaigneux, il est bien seul. Enfin, Robyn a toujours vu les choses ainsi, c’est dans sa nature : elle est curieuse et le sujet d’expérimentation Alec a toujours eu beaucoup d’effets sur elle, dans tous les sens du terme. Si elle peut lui donner le sourire, ça sera toujours ça de pris. Et puis bon, Robyn n’est plus à ça près de passer pour une simplette ou de se ridiculiser aux yeux d’Alec, alors elle ne craint plus grand chose de sa part, et certainement pas une réaction mauvaise ou bien le simple fait qu’il pourrait lui demander d’aller voir ailleurs s’il y est. À peine pose-t-elle la paume de ses mains contre le visage d’Alec qu’il saisit ces dernières dans un réflexe qui surprend la jeune fille, sans pour autant lui faire perdre son sourire. Elle aurait été prête à se faire crier dessus par Alec et son air bougon s’il l’avait voulu, mais il avait résolu sa petite devinette au moment même où elle ouvrait la bouche.

“Je me doute bien que c’est pas Simon. Salut, Robbie.” finit par répondre Alec, tenant toujours fermement les poignets de Robyn. Son étreinte vigoureuse semble cependant se défaire légèrement de celle qu’il retient prisonnière lorsqu’il se retourne pour faire face à la jeune fille. À son grand soulagement, il n’a pas l’air énervé. Enfin, elle n’y pensait pas trop, mais n’excluait pas l’idée pour autant ; Alec est, selon elle, bien capable de s’énerver pour un si petit truc. Mais ce n’est pas le cas. Au contraire, ça a plutôt l’air de ne pas l’avoir dérangé tant que cela. Tant mieux, se dit-elle. Elle reste ainsi un moment, la chaleur des mains d’Alec se propageant dans ses avants-bras à une vitesse folle. Ou bien c’est elle qui se sent rougir pour un rien. Elle aimerait éviter cette situation, ça la mettrait dans tous ses états, et puis, devant Alec, c’est vraiment pas ce qui la mettrait à l’aise. Le voilà qui lâche ses poignets, comme s’il avait pu l’entendre penser, avant de lui présenter une chaise, l’invitant à s'asseoir avec lui.

“Assis-toi, si tu veux. Tu sors de cours ?” Robyn accepte l’invitation d’Alec, tout en hochant la tête silencieusement, histoire de répondre à sa question. Mais c’est au moment où il repose sa plume qu’elle réagit ; studieuse, il est hors de question pour elle d'être la cause d’une distraction qui empêcherait Alec de se concentrer sur ses devoirs. Rapidement, elle s’avance au-dessus de la table et se saisit de la plume d’Alec, avant de lui tendre à nouveau. “Non, surtout, t'arrêtes pas parce que je suis là. Promis, j'arrête de t'embêter si tu dois travailler.” Puis elle se lève un peu plus et jette un regard sur son parchemin, lit en diagonal les quelques mots qu’Alec y a déjà inscrits avant de s’exclamer : “Oh, tu fais de la Botanique ?” puis elle se ressaisit, s’excuse silencieusement de s’être exclamée mais ne peut s’empêcher d’ajouter, dans son sourire malicieux, plus calmement : “Enfin, tu essayes.”

ray of sunshine & thunderstorm
janvier 2020 | ft. Robyn (Ray)

Ou pas, d'ailleurs. Dès qu'elle le vit poser sa plume et détourner son attention de sa dissertation, Robyn se pencha vers sa feuille. Alec recula un peu, pris au dépourvu, pour hausser un sourcil quand elle lui tendit sa plume, l'air de l'inciter à reprendre sa rédaction. « Non, surtout, t'arrêtes pas parce que je suis là. Promis, j'arrête de t'embêter si tu dois travailler. » Génial. Même la personne constituant son unique excuse pour laisser la pousse des Orties Flotteuses de côté voulait qu'il termine son devoir. Ça n'aurait pas trop dû l'étonner de la part de la jeune fille, cependant. Elle était plutôt du genre studieuse et appliquée. Peut-être pas de la même manière que Nola ou lui-même, qui cherchaient à devenir les meilleurs possibles, Nola dans quelque domaine que ce soit, lui surtout en duels ; mais elle restait quelqu'un d'appliqué. Et apparemment, elle n'allait pas le laisser échapper à son boulot si facilement que ça. Après qu'il ait récupéré sa plume, elle se redressa pour jeter un coup d’œil à sa copie. Alec doutait qu'elle y comprenne quelque chose. Elle n'était pas stupide, loin de là, même, mais son cours était adapté au niveau des sixième années. Robyn avait un an de moins. Et il était parfaitement conscient de ne pas s'être exactement appliqué dans ses réponses, qui n'avaient donc probablement pas beaucoup de sens.

« Oh, tu fais de la Botanique ? » Le ton de voix était étonnamment joyeux. Alec observa Robyn se reprendre un instant, l'air de s'excuser ou d'être désolée - s'excuser de quoi, d'ailleurs ? - puis esquisser un sourire malicieux, les yeux pétillants. « Enfin, tu essayes. » Tiens. Le duelliste haussa un sourcil, assez amusé. Oui, il était au courant qu'il n'était pas des plus doués au niveau feuilles et plantes - doux euphémisme. Apprendre comment cultiver un légume qui tenterait plus tard de l'étrangler ne faisait pas partie de ses priorités. En revanche, Robyn avait l'air de pas mal s'y intéresser, s'il tenait compte de son enthousiasme précédent. Elle semblait également ne pas être mauvaise, puisqu'elle avait remarqué qu'il s'était contenté de griffonner des conneries sur sa copie. Ses yeux firent l'aller-retour entre sa feuille et la jeune Serpentard, puis il eut une petite idée. Il trempa sa plume dans son encrier, la posa sur son devoir et le fit glisser vers Robyn avant de se caler en arrière contre sa chaise.

« Tu penses être capable de faire mieux ? Vas-y », fit-il à l'adresse de la jeune fille, d'un ton entre la moquerie et le défi, dans le but de la faire tiquer et qu'elle relève sa proposition. Ce n'était pas du tout un moyen de faire faire son propre travail par quelqu'un d'autre, absolument pas, évidemment. Il déposa le reste des documents devant elle avec un sourire en coin. « On est censés étudier les Orties Flotteuses. » Ce n'était pas très compliqué à deviner, puisqu'il s'agissait du titre écrit sur son rouleau de parchemin. Si quelqu'un d'autre lui avait dit ça, Alec aurait roulé des yeux avant de lâcher un Sans blague ? J'aurais pas deviné d'un ton cynique. Pas très flatteur de le dire à voix haute. « Enfin, c'est marqué. » Merci Alec, on n'avait pas non plus remarqué. Chose qui ne lui arrivait pas tellement - jamais, en fait -, il se sentait con. Pourquoi ? Difficile à dire. Il réprima un soupir, roula en tas toutes les pensées incompréhensibles qui s'amusaient à bourdonner dans son crâne et les jeta dans un coin.

« Sujet extrêmement intéressant, d'ailleurs. Qui n'a jamais rêvé de manquer se prendre des plantes urticaires en lévitation tout en se baladant tranquillement ? » Il n'était absolument pas ironique, non. Pas du tout. Il posa ses coudes sur la table et commença à la regarder faire - ou tenter de faire - ses questions.

☾ ANESIDORA

ray of sunshine & thunderstorm

Robyn n’est pas une méchante fille. Elle peut faire de l’ironie, oui, elle en est capable, mais est bien loin de totalement en maîtriser l’art comme ce cher Alec. D’où ses quelques difficultés à saisir le second degré. Enfin, elle n’en fait pas toute une histoire. Elle s’y est faite, et c’est comme ça. Elle a plein d’autres qualités pour combler cette légère lacune. Alors bon, cette malice, elle a bien fait de disparaître très rapidement. Robyn ne veut pas énerver Alec, et encore moins qu’il se mette à penser qu’elle puisse se moquer de lui. Il n’existe pas beaucoup de mauvais élèves, de toute façon, chez les Serpentard. Enfin, pas parmi ceux que Robyn côtoie, du moins. Disons qu’elle n’a pas eu réellement l’occasion de côtoyer de mauvais élèves. Comment auraient réagi ses parents s’ils l’avaient appris ? Pour ce qui est de sa remarque, Robyn est en tout cas contente qu’Alec ne l’ait pas pris mal – il manquerait plus que ça. Il a même l’air d’en être amusé.

Bon, trève de bavardages inutiles. Robyn ne compte vraiment pas déranger Alec plus que ça. Ce n’est pas nouveau, Robyn accorde beaucoup, mais alors vraiment beaucoup d’importance aux études. Elle qui n’aime pas être perturbée ou dérangée pendant qu’elle se penche sur ses devoirs, pense bien qu’elle doit le même respect aux autres, et Alec ne déroge pas à la règle. Elle sourit lorsqu’il reprend entre ses doigts sa plume, satisfaite. Puis son visage semble se figer dans le temps lorsqu’elle observe, silencieusement, Alec poser la plume pleine d’encre, prête à écrire, et la laisse glisser jusqu’à arriver devant elle. Elle relève doucement le regard de la plume et dévisage rapidement Alec, avant que celui-ci ne s’explique : “Tu penses être capable de faire mieux ? Vas-y. On est censés étudier les Orties Flotteuses. Enfin, c’est marqué.”

Accompagnant ses mots, il lui tend les documents. Orties Flotteuses ? C’est au tour de Robyn de lever un sourcil. Elle est forte en Botanique, il est vrai, mais de là à voir Alec tenter de lui refiler le travail ? Dis-donc. Ou peut-être qu’il avait simplement envie de la mettre au défi. À vrai dire, Robyn n’arrive pas à vraiment deviner son but. Le fils Oryal est – à l’humble avis de la jeune fille aux taches de rousseur – aussi bien capable de la provoquer juste pour lui prouver son niveau, que pour lui demander, l’air de rien, de faire son devoir.

Robyn n’est pas spécialement dans la compétition, à l’inverse d’Alec, et ne réagit pas forcément aux défis qu’on lui lance. Mais celui-là, étrangement, elle se sent prête à le relever. Peut-être parce que c’est Alec qui lui lance. Elle attrape la plume comme si elle allait déjà se mettre à écrire, sans avoir lu toutes les fiches et autres documents que lui a passés Alec, alors que ce dernier semble bien décidé à lui faire comprendre – comme si ce n’était pas déjà le cas – à quel point la matière en question le passionne. “Sujet extrêmement intéressant, d'ailleurs. Qui n'a jamais rêvé de manquer se prendre des plantes urticaires en lévitation tout en se baladant tranquillement ?” raille-t-il.

Robyn sourit du coin de la lèvre. En tant que bonne élève, et surtout, assez captivée par la Botanique, la jeune fille est un peu vexée par la réaction de son aîné. C’est vrai, elle peut le comprendre, les plantes, c’est pas si fou fou que ça. Mais Robyn est persuadée que si Alec y mettait un peu plus du sien, il finirait son devoir en deux-deux. Il est loin d’être bête le garçon. Alors Robyn, de bon coeur, parcourt du regard les feuilles, lit à droite, à gauche, les consignes, pendant une trentaine de secondes, avant de relever la tête et de toiser Alec non-méchamment.

“Mais c’est intéressant, voyons” râle-t-elle à moitié en rigolant. Mais une idée à germer, dans sa petite tête, alors qu’elle lisait les cours d’Alec. Elle se lève de sa chaise, toujours aussi motivée, repose la plume dans l’encrier et lance à Alec, à nouveau son sourire malicieux sur les lèvres : “Viens, je vais te montrer.” restant assez mystérieuse sur ses intentions, avant d’ajouter, à demi-voix : “Ne compte pas sur moi pour faire ton travail, Alec” avant de lancer un accio pour que son manteau vienne lui couvrir les épaules. “Tu te dépêches, dis ?”

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Robyn avait esquissé un mince sourire face à sa réaction, et observait maintenant les feuilles qu’il lui avait tendues. Elle allait vite, passant d’un paragraphe à l’autre en un clin d’oeil, sous les yeux du Serpentard qui luttait entre un mélange de soulagement satisfait à l’idée de ne plus avoir à se creuser le crâne sur son devoir - et un peu de culpabilité, parce que, eh bien. Il avait plus ou moins refilé tout son travail à la jeune fille. Quoiqu’il avait du mal à réellement le regretter. Après tout, si ça lui permettait de sauver le reste de sa journée de manière à ce qu’il puisse faire autre chose que bûcher sur sa botanique jusqu’à ce qu’il s’en arrache les cheveux… Eh bien, c’était ça de pris.

Robyn finit par reposer la feuille de consignes pour lui jeter un coup d'œil, le toisant légèrement, quoique sans aucune agressivité. « Mais c’est intéressant, voyons, » protesta-t-elle, et Alec haussa un sourcil amusé. Il ouvrit la bouche pour répondre, sans d’ailleurs trop savoir quoi dire - il n’allait pas non plus entrer dans un débat avec elle sur si oui, ou non, l’étude des plantes pouvait se montrer intéressante, d’une part parce qu’il doutait d’éprouver un jour ne serait-ce qu’une once de curiosité à l’égard de cette matière, et d’autre part parce que, enfin. Elle adorait ça, non ? Autant éviter de critiquer sèchement la botanique, après tout. Il n’avait pas non plus envie de se montrer trop acide sur le sujet et de la blesser, ou quelque chose comme ça. Oui. Puisqu’elle faisait son devoir. Oui. Enfin.

Il n’eut pas le temps de dire quelque chose, puisque la jeune fille bondit sur ses pieds avec enthousiasme et pivota vers lui, un joli sourire plein de malice sur les lèvres. « Viens, je vais te montrer. » Lui montrer ? Alec cligna des yeux, confus, et elle ajouta, la voix basse : « Ne compte pas sur moi pour faire ton travail, Alec. »

Ah. Bon, en même temps, il dû s’y attendre. Robyn était loin d’être stupide. Dommage, quand même - il voyait sa soirée tranquille s’évaporer sous ses yeux, remplacée par une nouvelle paire d’heures d’irritation dépensées sur ses feuilles. « Tu m’as démasqué, » lança-t-il tranquillement à l’adresse de la jeune fille, commençant à ramener sa copie et le reste de ses documents vers lui, avant de froncer les sourcils en l’entendant appeler son manteau à elle. Elle voulait lui montrer ? Lui montrer quoi, de la botanique ? En sortant ? Par ce temps infâme ?

« Tu te dépêches, dis ? »

Mais c’est qu’elle était impatiente, en plus ! Le Serpentard pivota vers elle pour lui jeter un léger regard, avant de se laisser entraîner par l’expression déterminée qu’elle arborait et de céder. Bon. Après tout, la suivre faire il-ne-savait-toujours-pas-quoi était toujours plus intéressant que de reprendre son boulot. Alors il termina de ranger ses affaires, les laissant installées en un tas propre sur la table, puis se leva pour enfiler son propre manteau, quoique laissant ses mouvements s’esquisser le plus lentement possible, réprimant un sourire tout en surveillant Robyn du coin de l’oeil pour voir sa réaction.

Dès qu’il fut finalement prêt, il la suivit jusqu’à l’entrée de la salle commune en marmonnant un « Qu’est-ce que tu mijotes ? » à la fois méfiant et un peu curieux. Il rentra sa tête dans ses épaules lorsqu’ils se prirent une bouffée d’air frais dans le hall, réprimant un grognement face au froid, mais un coup d'œil à Robyn et il avança à nouveau. De toute façon, entre le froid et son devoir, il optait pour le froid.

« Bon alors dis-moi, » finit-il par dire tandis qu’ils marchaient, « qu’est-ce que tu aimes tant dans la Botanique ? »

Cette fois-ci, pas de pointe d’ironie dans sa voix. Il cherchait à la fois à combler le petit silence - et avait dû se creuser la tête pour savoir comment diable commençait-on une conversation normale - et puis il était un peu curieux, aussi. Il n’avait jamais réussi à accrocher au sujet.

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